samedi 12 janvier 2019

[TEST] Firewatch sur Nintendo Switch

Avec sa communication parfaitement orchestrée, appuyée par des trailers mettant en avant de jolis panoramas, le titre narratif de Campo Santo n’est véritablement pas passé inaperçu. Sorti en 2016 sur PC, PS4 et Xbox One, Firewatch est depuis décembre 2018 disponible sur la console hybride de Nintendo. Voyons donc de suite si ce portage est en mesure de répondre à l’appel du grand air…


« Sans détour et avant tout, sachez que Firewatch est une expérience narrative. Ne voyez pas dans cette phrase une quelconque forme de dédain envers le genre mais un avertissement pour celles et ceux qui s’attendent à une simulation plus ou moins évoluée de marche et/ou d’orientation. Le scénario étant au « cœur » de Firewatch, ce test ne comportera aucune information sur son histoire autre que celles présentent dans le paragraphe suivant (volontairement écourté et évasif) afin d’éviter toute forme de spoil. Libre à vous de le lire… »

Année 1989, vous incarnez Henry, un homme à priori lambda en proie à quelques tourments conséquences d’une vie de couple « difficile ». Suite à une annonce parue dans le journal, vous acceptez un travail de garde forestier dans l’État du Wyoming, l’occasion pour vous de prendre un peu de recul sur votre situation. Après une marche exténuante de deux jours en pleine nature, vous arrivez en soirée sur votre lieu de travail, un poste d’observation surplombant la forêt qui fera office de domicile le temps d’un été. À peine votre sac posé et le courant rétabli que vous faites la connaissance par radio de votre chef, une nommée Delilah, qui sera votre seul contact pendant cette période estivale…

Après une introduction permettant au joueur de s’approprier dans les grandes lignes le personnage d’Henry et son histoire, vous voilà prêt pour l’aventure. Équipé d’une carte, d’une boussole et d’un talkie-walkie, vous êtes chargé de la surveillance d’un domaine forestier sous les ordres de votre supérieure. Concrètement, vos sorties en forêt, sous couvert d’objectifs divers et variés, seront essentiellement prétextes à dialoguer avec Delilah et permettront en toute logique de développer l’histoire. Loin de vouloir cantonner le joueur au rôle de simple spectateur, le jeu via son interface laisse la possibilité de choix multiples aussi bien dans ses réponses que dans ses questions. Ainsi, vous serez libre de faire preuve de complaisance envers votre chef ou pourquoi pas, de l’envoyer gentiment balader. De même, face à un indice ou une situation particulière, vous serez majoritairement libre de prendre contact ou non avec. Notez cependant que vos choix n’auront absolument aucune incidence sur l’histoire : ici, la fin est unique et le scénario ne présente aucun embranchement. Malgré tout, pour qui veut parcourir le jeu sans en louper une miette, il sera de bon augure d’abuser encore et encore du talkie-walkie en quête d’informations. Ce faisant, le joueur aura tôt fait de s’attacher aux personnages qui dévoileront leur personnalité au fil des conversations, aidé par la belle performance des acteurs (les doublages en anglais sont ici assurés part Rich Sommer et Cissy Jones agrémentés d’un sous-titrage en français).


Même si les ficèles semblent parfois un brin trop évidentes, le scénario n’en reste pas moins captivant et aborde des thématiques universelles, parfois fortes qui auront rapidement fait d’happer l’auditoire. Servi par une belle écriture, le joueur aura ainsi le loisir de passer par tout un panel de sentiments avec en prime une pointe d’humour non négligeable. À noter que le scénario utilise très bien la solitude liée à l’environnement parcouru ainsi que le fait d’être tributaire d’un talkie-walkie pour sublimer son ambiance. Avec ses rebondissements habillements disséminés relançant à plusieurs occasions l’intrigue, l’histoire demeure captivante du début jusqu’à sa fin. Une fin qui arrive malheureusement bien vite, puisque seulement 4 à 5 heures seront nécessaires pour connaître le dénouement de l’histoire. Bien que cette aventure soit courte, on ne peut s’empêcher d’être satisfait par celle-ci et ce sera avec de bons souvenirs en tête que défileront les crédits du jeu. Malgré tout, certains joueurs pourront avoir le sentiment d’une fin arrivant un poil trop « brutalement » et qu’un bon nombre de questions demeurent au final sans réponse et cela même en explorant le jeu de fond en comble. Maigre compensation à cette courte durée de vie (mais toujours sympathique), les développeurs ont ajouté la possibilité de lancer le jeu avec leurs commentaires audio en anglais ainsi qu’un mode laissant le loisir de parcourir librement la région (pas très grande), sans la moindre restriction (ou presque). L’intention de ces ajouts est louable mais se trouve dans les faits insuffisante pour relancer véritablement l’intérêt du jeu, le potentiel de re-jouabilité étant ici fort limité voire quasi-nul.


D’un point de vue de ses graphismes même si techniquement le titre ne propose rien de révolutionnaire, il dispose d’une réalisation qui flatte de suite la rétine. Que ce soit sous une brume matinale, un soleil couchant ou une nuit étoilée, la direction artistique fait le plus souvent mouche. Grâce à ses panoramas façon carte postale, Firewatch se présente tout simplement comme une merveilleuse invitation à l’évasion à tel point qu’il n’est pas rare durant l’aventure de faire tout simplement une pause pour contempler les paysages. Ajoutez à cela des bruitages comme ceux de la faune, de l’eau ou du vent, quelques accords de guitare très bien placés (les musiques sont un réel plaisir) et vous obtenez une ambiance remarquable. Une ambiance qui sans nul doute vous fera penser à ces moments passés à admirer un coucher de soleil où l’espace d’un instant, le temps semble suspendu avec ces sentiments de liberté et de bien-être qui vous envahissent peu à peu. De ce point de vue, Firewatch est difficilement attaquable ce qui n’est malheureusement pas le cas de sa technique. Dans cette version Switch, le titre souffre de ralentissements récurrents aussi bien en mode TV que portable. Comme un malheur arrive rarement seul, le clipping s’invite également dans la partie avec en prime des textures s’affichant parfois avec un peu de retard. Pour autant, même si cela est dommageable, ces défauts ne devraient pas gâcher outre mesure l’expérience générale.


Côté gameplay, le jeu est plutôt du genre accessible et conviendra assurément au plus grand nombre mais fait preuve en contrepartie d’une rigidité à toute épreuve. Ne vous imaginez pas un seul instant pouvoir crapahuter comme on peut le faire dans un Zelda BOTW, pour rester chez Nintendo. Ici, la progression se veut linéaire, les sentiers plus ou moins ouverts font office de couloirs, les descentes en rappel et les escalades sont réduites à une simple pression sur une touche d’action laissant comme unique sentiment d’être pris continuellement par la main. Quand bien même vous tenteriez de sortir des sentiers battus, vous vous trouverez très vite bloqué par le level design, sous le prétexte d’un pont rompu ou encore d’une végétation trop abondante pour vous laisser passer. En ce sens, Firewatch est frustrant car tout ou presque donne l’envie de partir à l’aventure sauf que le titre n’en donne pas les moyens. Alors oui, le jeu propose bien une partie orientation où il vous sera demandé de rejoindre tel ou tel lieu sans aucune autre indication, vous laissant avec votre carte et votre boussole. Mais là encore, probablement sous l’autel de l’accessibilité, les développeurs nous gratifient d’une fonctionnalité surprenante : par défaut, votre position et vos derniers pas sont indiqués sur la carte. Un non-sens total sur une carte censée être, rappelons-le, qu’un simple bout de papier mais fort heureusement, cette option peut être désactivée. Il va de soi que Firewatch n’a pas vocation à reprendre les codes d’un open-world ou d’une simulation, son intérêt est avant tout narratif mais sans conteste, un peu plus de souplesse dans son gameplay lui aurait fait le plus grand bien.


Au final, le cas de Firewatch est un peu paradoxal, le jeu est prenant à plus d’un titre, son histoire, ses environnements et son ambiance contribuent à une très belle expérience qui happe littéralement le joueur. À côté de cela, persiste un sentiment de frustration à cause de ses petits défauts. Indéniablement, c’est un jeu qu’il serait dommage de laisser passer mais malheureusement pour lui, il est assez difficile de le conseiller au prix fort. À présent, reste à savoir si vous ferez le choix de la raison ou celui des sentiments et pour celles et ceux qui feront le choix du cœur : prenez votre temps, votre expérience n’en sera que meilleure.

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • La beauté des environnements
  • Le scénario et son écriture de qualité
  • Les interactions entre Henry et Delilah
  • La qualité des doublages
  • Le sound design (environnement et musique)

Ce qu’on a moins aimé :
  • La durée de vie très limitée et le manque de re-jouabilité
  • Les problèmes techniques
  • Les choix sans conséquence
  • Le gameplay trop rigide


Prix : 19,99 €
Genre : Aventure narrative
Taille eShop : 2 300,58 MB
Développeur / Éditeur : Campo Santo Productions / Campo Santo

Test réalisé depuis une version gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel

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