jeudi 25 avril 2019

[TEST] Trüberbrook sur Nintendo Switch

Avec son concept hybride, il ne fait nul doute que la Nintendo Switch se présente comme étant un support idéal pour certains genres de jeu. Parmi eux, on peut évidemment citer le point & click : majoritairement peu gourmand en ressources et se satisfaisant des courtes sessions de gameplay, il s’accommode très bien d’une telle console. Fraîchement débarquée sur l’eShop, attardons-nous sur une production allemande développée par le studio BTF, à savoir Trüberbrook. Financé en partie via la plateforme kickstarter, voyons de suite si ce beau bébé germanique est en mesure de ravir les amateurs avides de se triturer les méninges au gré d'une mystérieuse aventure...


Année 1967, le brillant scientifique Hans Tannhauser, spécialiste en physique quantique, se trouve être l’heureux gagnant d’un séjour dans une bourgade allemande. Bien qu’il n’ait aucun souvenir d’une quelconque participation à une loterie, ce résident américain d’origine allemande voit là une belle occasion de travailler sereinement sur ses écrits. Après un voyage se terminant par un long trajet en bus, le voici prêt à poser ses valises dans l’unique auberge du village de Trüberbrook. Perdu au fin fond d’une vallée, l’endroit semble bien paisible avec son lac et sa petite place centrale tout à fait charmante. Seulement voilà, malgré l’apparente quiétude des lieux, Hans est victime dès sa première nuit d’un cambriolage et se retrouve dépossédé de ses précieuses notes. Commence alors une folle enquête au cœur d’un village où se mêlent autochtones un brin loufoques, panoramas dignes de figurer sur les cartes postales et mystères en tous genres : « Willkommen in Trüberbrook ».

Sans en dévoiler la moindre miette, sachez que le scénario de Trüberbrook se révèle vite être le théâtre d’une enquête allègrement saupoudrée de science-fiction. L’ensemble fonctionne convenablement mais laisse quelque peu sur la faim, principalement par manque d’ambition. Bien que l’histoire soit plaisante à suivre, elle ne laisse pas un souvenir impérissable tant les thèmes abordés ont été vus et revus à maintes reprises. Trop convenu, on peut également faire le reproche d'événements arrivant parfois sans prévenir, d’une écriture un peu trop aisée ou encore de personnages secondaires sans grand intérêt. Fort heureusement, l’humour est là, distillé à petites doses tout au long de l’aventure, cela apporte un soupçon de fraîcheur non négligeable prêtant ainsi à sourire face aux commentaires de ce cher Hans où certaines situations.


Pour sûr, Trüberbrook est un point & click 100 % pur jus qui ne surprendra en aucun cas les habitués du genre. Au programme des festivités, récupération d’objets à l’utilité parfois insoupçonnable et casse-têtes sans grande difficulté. En effet, le jeu fait la proposition d’une aventure aisée reposant sur des bases connues, ne prenant véritablement aucun risque, quitte à en pâtir. Ainsi, la majeure partie des énigmes ne demandent que d’amasser les objets dans l’inventaire pour débloquer la situation et ainsi de suite. Rares sont les véritables énigmes et on se retrouve le plus souvent à faire des allers-retours peu enviables pour avancer dans l’histoire. À l’instar du scénario, on peut tout à fait arguer un manque d’ambition en la matière. À vous les joies de ces interminables échanges d’objets ou de ces quêtes quasi « Fedex » sans saveur qui ne donnent au final que l’unique impression d’être face à des cabrioles visant à allonger artificiellement et bien trop facilement la durée de vie. D’ailleurs, concernant cette dernière, sachez qu’il ne faut que 5 à 6 heures grand maximum pour apercevoir l’une des deux fins disponibles. Un temps de jeu relativement court d’autant plus que celui-ci prend en compte tous les artifices cités précédemment. Malgré un début d’aventure pourtant prometteur et quelques passages intéressants, le jeu n’arrive pas à surprendre côté énigme et c’est sans nul doute son plus gros point faible...


« Fabriqué à la main », voilà le genre de mention qui pourrait figurer sur la pochette du jeu. En effet, sachez que les décors s’appuient intégralement sur des maquettes bien réelles entièrement réalisées à la main puis numérisées. Cette approche fait un peu figure d’OVNI dans le domaine du jeu vidéo d’autant plus que les effets météorologiques et de lumière sont également gérés « manuellement ». Le résultat, plus que convaincant, nous laisse le loisir d’apprécier des environnements aux moult détails agrémentés d’une colorimétrie aux petits oignons qui ravit la rétine. Avec un tel procédé de fabrication, on pourrait craindre une intégration difficile des protagonistes mais force est de constater que celle-ci se montre tout à fait pertinente et sans la moindre fausse note. Esthétiquement, Trüberbrook est à n’en pas douter une réussite et on ne peut que saluer le travail réalisé. Curieuses et curieux, n’hésitez pas à visionner la vidéo ci-dessous qui vous permettra d’en savoir davantage sur ce procédé peu commun.


Côté bande son, l’aventure s’accompagne de musiques majoritairement discrètes mais qui se révèlent être en adéquation avec les diverses situations. Dans tous les cas, vos oreilles ne seront en aucun cas malmenées et on ressentira un certain plaisir à l’écoute de quelques morceaux. Concernant les dialogues, ils bénéficient d’un doublage en anglais d’assez bonne facture même si l’intonation manque parfois d’enthousiasme. Par contre, pour ce qui est des sous-titrages français, nous sommes ici face à une localisation tout simplement indigne où même un simple « bonsoir » est mal interprété. Et que dire des jeux de mots retranscrits « à l’arrache » pour au final n’avoir aucun sens. Ceux et celles qui ont quelques notions d’anglais ou d’allemand, n’hésitez surtout pas à passer le titre intégralement dans ces langues : une pensée bienveillante pour les autres, obligés à la lecture de ces sous-titrages en pseudo français. À noter que le titre fait entièrement l’impasse sur les fonctions tactiles de l’écran, dommage pour un genre où cela paraît comme étant une évidence...


Au final, Trüberbrook souffre d’un manque d’ambition à plusieurs niveaux. D’un classicisme bien trop marqué, il peinera à tenir en haleine les habitués du genre sur la longueur mais pour autant, cela ne fait pas non plus de lui un mauvais choix en la matière. Son accessibilité pourra par exemple très bien convenir aux débutants ou aux plus jeunes d’autant plus qu’il propose un mode « enfant » excluant vulgarité, cigarette, etc. On retient donc de lui une esthétique réussie au procédé peu commun, un scénario honorable malgré quelques tares et l’assurance de passer 5 heures de jeu à se remuer les méninges mais pas trop...

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • L’esthétique très agréable
  • La bande son discrète mais convaincante
  • Le scénario dans sa globalité même si imparfait
  • Les quelques énigmes intéressantes...

Ce qu’on a moins aimé :
  • ... mais noyées parmi d’autres, biens plus anecdotiques
  • Un ensemble trop classique, sans aucune prise de risque
  • La localisation indigne
  • Une durée de vie limitée
  • Aucun support des fonctions tactiles


Prix : 29,99 €
Genre : Aventure, point & click
Taille eShop : 6,59 Go
Date de sortie européenne : 17/04/2019
Développeur / Éditeur : BTF / Headup GmbH

Test réalisé depuis une version presse gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel

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