mercredi 13 février 2019

[TEST] Travis Strikes Again: No More Heroes sur Nintendo Switch

11 ans après l’apparition d’un premier opus sur Wii, la licence No more Heroes revient enfin sur console Nintendo en ce début d’année 2019. Développé par le studio Grasshopper sous la casquette de Goichi Suda, Travis Strikes Again: No More Heroes nous propose de retrouver Travis et Bad Man dans un Beat’em All déjanté multipliant les références vidéoludiques. Capable d’excellence mais également de choses bien plus anecdotiques, Suda51 nous livre ici non pas une véritable suite mais un « modeste » spin-off. Voyons donc de suite si celui-ci est en mesure de tenir haut le flambeau de la série et de répondre aux nombreuses attentes gravitant autour.


Replié dans le sud des États-Unis, Travis se la coule douce dans sa caravane en s’adonnant à sa passion préférée : le jeu vidéo. Évidemment, ce trop-plein de quiétudes se voit quelque peu perturbé par l’arrivée d’un certain Bad Man. Bien résolu à venger la mort de sa fille, le père de Bad Girl tente donc d’éliminer Travis au cours d’un combat épique à l’issue improbable. En effet, durant ce face à face musclé, les deux protagonistes sont tout simplement aspirés dans la Death Drive MKII. Console légendaire, celle-ci tourne avec de bien mystérieuses Death Balls faisant offices de cartouches de jeux. La rumeur prétend qu’en rassemblant les six Death Balls, qui sont autant de jeux à terminer, il serait possible de formuler un vœu de son choix. C’est donc dans ce contexte que nos deux compères partent en quête des fameuses Death Balls et doivent relever les défis mortels de chacun des jeux : tout un programme !

Après une introduction bien pêchue, le joueur est directement mis dans le bain de l’action épaulée par la doctoresse Juvenile (la créatrice de la console) dans un rapide tutoriel. Au niveau de sa prise en main, le titre se montre simple d’accès avec à disposition une attaque faible, une forte, un saut pouvant se combiner avec celles-ci, une roulade et pour finir une attaque spéciale dont la puissance varie selon trois paliers de charge. À cette liste de mouvements s’ajoute l’indémodable recharge du Beam Katana (ou de la batte de baseball) et la possibilité d’acquérir des compétences diverses grâce aux puces techniques récupérées en cours de partie. À vous les joies d’une bombe agrippante, d’un régénérateur de santé, d’un mur de protection ou encore de projectiles immobilisant temporairement les ennemis. Une fois équipées (jusqu’à quatre par protagoniste), ces puces ajoutent une petite touche de stratégie aux combats d’autant plus que leur utilisation est soumise à un « cooldown » évitant ainsi toute forme d’abus. Malgré tout et bien que certaines compétences soient spécifiques à l’un ou l’autre des personnages, on peut regretter que les développeurs n’aient pas davantage différencié le game play des deux larrons. Là où il aurait été intéressant d’obtenir deux expériences distinctes, on se retrouve ici avec des sensations manettes en mains quasi identiques : dommage...


Assurément atypique, le titre se divise en deux phases avec d’un côté l’action et de l’autre la narration. Fun et nerveuse, la partie beat’em all est l’occasion de parcourir les différents jeux aux commandes de Travis ou de Bad Man, seul ou en coopération. Bien que les six titres proposés soient autant d’ambiances et d’inspirations différentes, force et de constater que le level design associé n’est pas véritablement synonyme de diversité. En effet, le joueur devra majoritairement parcourir un tandem de couloirs et autres espaces cloisonnés où seuls les décors changent. Histoire de casser cette monotonie inhérente au genre (en partie), les développeurs ont cependant inclus quelques mécaniques propres à chaque niveau enrichies par des phases de gameplay distinctes (plateforme, shoot’em up, course, etc.) variant ainsi les plaisirs. Même si certaines longueurs se font sentir ici et là, elles ne devraient pas entacher l’expérience outre mesure et finalement, la formule fonctionne plutôt bien.

Beat’em all oblige, le joueur devra faire face à un bestiaire relativement étoffé avec lequel il ne faudra pas se contenter de matraquer énergiquement la manette pour espérer en venir à bout. Si la difficulté est loin d’être insurmontable en mode normal (Salé), il faut tout de même faire preuve d’une certaine malice dans son carnage pour éviter de passer l’arme à gauche notamment face aux différents boss du jeu. Disposant à la base de trois niveaux de difficulté (Sucré, Salé et Hot), Travis Strikes Again: No More Heroes propose dans son New Game+, un quatrième nommé amoureusement « Super Hot » qui sera l’occasion pour les plus téméraires de prouver leur capacité à éliminer des ennemis bien coriaces.


Vient ensuite la partie narration qui a de quoi surprendre... À la recherche de nouvelles Death Balls et donc de nouveaux jeux, le joueur devra faire face à un visual novel tout de pixels vêtus. Tranchant radicalement avec les phases d’actions effrénées, l’ambiance y est bien plus posée et définitivement rétro. Même si quelques dialogues pourront vraisemblablement lasser les plus impatients, l’ensemble reste agréable notamment grâce aux multiples références abordées et l’humour omniprésent. Au fil des conversations, la narration fera souvent l’usage d’un quatrième mur impliquant plus ou moins le joueur et prêtant majoritairement à sourire. Le parti pris d’un visuel monochrome pourra laisser perplexe mais se montre à l’usage en adéquation avec l’esprit loufoque, surprenant et parfois osé du titre.

Une fois le premier jeu terminé, le joueur aura l’occasion de découvrir la caravane de ce cher Travis. Servant de hub central, celle-ci permet de lancer les différents jeux récupérés, de sauvegarder, lire ses messages mais également de changer de T-Shirt. En effet, Travis et Bad Man pourront soigner leur look en arborant fièrement un T-Shirt griffé de leur jeu ou studio favori. Même s’il s’agit ici uniquement de cosmétique, les nombreuses références disponibles auront de quoi occuper les joueurs atteints de "collectionnite" puisque l’acquisition de l’ensemble demandera de « farmer » pas mal d’argent et autres pierres aztèques. Détail sympathique (parmi d’autres), il est possible de consulter les fiches descriptives de la Death Drive MKII et de ses jeux. L’occasion de découvrir quelques codes de triche et astuces qui pousseront inévitablement les joueurs un brin curieux à suivre les directives et se replonger dans l’aventure.


Même si Travis Strikes Again: No More Heroes reste très classique en tant que beat’em all, il est à n’en pas douter un jeu généreux. Alors certes, cette générosité ne concerne pas sa durée de vie (moins de 10 heures pour un premier run) ou encore ses mécaniques de game play mais plutôt les multiples références distillées tout au long de l’aventure. Loin de vouloir vous mentionner celles-ci et vous gâchez ainsi les surprises, sachez qu’elles sont très nombreuses. Tantôt ostentatoires, tantôt discrètes, il n’est pas rare de prendre du plaisir en les découvrant au hasard des pérégrinations. Dans les faits, le jeu regorge de nombreux détails parfois insignifiants comme par exemple les écrans de chargement interactifs (bourrinez la touche A) ou tout simplement les noms des différents ennemis rencontrés, ce qui rend le titre comparable à une véritable pochette surprise pour passionnés de jeux vidéo.

Faisant inlassablement la promotion de son moteur graphique « Unreal Engine 4 » au fil de l’aventure, Travis Strikes Again: No More Heroes est cependant loin d’en être l’éclatant représentant. Sans le définir comme moche, on peut être déçu par sa technique désuète qui peine à séduire. Que ce soient les environnements, la modélisation des personnages ou les quelques effets de lumière accompagnant les attaques, on est ici à mille lieues d’une production poussant le hardware de la Nintendo Switch dans ses derniers retranchements. Fort heureusement, la direction artistique vient sauver les meubles proposant sans conteste un cachet certain au jeu. Dans les faits et au-delà de ses graphismes, le titre se démarque surtout par son univers surprenant, bourré de clichés qui seront autant de petites friandises à déguster tout au long de l’aventure. Même si une technique plus contemporaine aurait été de bon augure, il faut bien avouer que le jeu arrive à faire passer ce défaut au second plan et surprend à bien des égards grâce son univers si particulier.


Au niveau de la bande son, on peut noter un travail sur les bruitages convaincant et on se plaît à entendre quelques noms d’oiseaux (en anglais) durant les joutes. Quant aux musiques, elles oscillent qualitativement entre le bon et le très bon avec une mention particulière pour les morceaux typés 8-bits accompagnant les phases de visual novel. Dans l’ensemble, vos esgourdes ne seront pas traumatisées mais plutôt satisfaites et cela même si la plupart des morceaux manquent un peu d’identité.

Un point rapide sur le Season Pass incluant deux DLC, prévus respectivement le 28 février et le 30 avril 2019. Au menu, deux nouveaux personnages (Shinobu Jacobs et Bad Girl), des techniques supplémentaires, une nouvelle aventure mettant en scène Bad Man, un monde supplémentaire et d’autres petites friandises. Voilà donc deux occasions certaines pour reprendre l’aventure et compléter ce test prochainement… Gageons que ces suppléments soient à la hauteur !


Simple spin-off et non véritable suite, Travis Strikes Again: No More Heroes n’en demeure pas moins un jeu agréable à parcourir que ce soit en mode TV ou portable. Pour peu que son univers fasse mouche et que l’on apprécie le genre, il est relativement aisé de passer des bons moments manette en mains seul ou à deux. Non sans défaut mais ô combien généreux à de nombreux niveaux, le dernier né de Goichi Suda est une belle expérience à découvrir d’autant plus si vous êtes un adepte de la saga. Pour les autres, épris de jeux vidéo ou joueur occasionnel, le titre se présente comme étant un bon défouloir et une porte d’entrée à la série qui vous donnera peut-être l’envie de découvrir les précédents opus, voire de patienter après un hypothétique 3ème titre canonique…

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • L’univers déjanté et fun
  • La possibilité de jouer en coopération
  • Une prise en main immédiate
  • Les multiples références

Ce qu’on a moins aimé :
  • Le gameplay répétitif et les longueurs associées
  • Certaines phases de narration lassantes
  • La réalisation décevante


Prix : 29,99 € (hors Season Pass) / Season Pass : 9.99€
Genre : Action, Beat’em all
Taille eShop : 6,02Go
Développeur / Éditeur : Grasshopper Manufacture Inc. / Grasshopper Manufacture Inc.

Test réalisé depuis une version physique gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel.

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