mercredi 26 décembre 2018

[TEST] V-Rally 4 sur Nintendo Switch

Au cours de l’année 1995 sortait dans les salles d’arcade Sega Rally Championship, un jeu de course en 3D à la réalisation impeccable qui s'est ensuite vu porté sur la console 32-bits du constructeur. Avec ce titre, Sega frappa assurément un grand coup en réussissant le pari de proposer manette en mains des sensations proches de la version arcade tout en permettant au joueur de rester tranquillement installé devant son poste de télévision. Été 1997, arriva la réponse du studio français Eden Studios dont les développeurs étaient admirateurs de la franchise de Sega. Son nom ? V-Rally. Avec celui-ci, la PlayStation première du nom était enfin en possession de son jeu de rallye, un jeu qui en son temps, fût d’ailleurs couronné d’un certain succès autant critique que commerciale.


Aujourd’hui sous le giron de BigBen Interactive et développé par Kylotonn (à la manœuvre des WRC 5, 6 et 7), la licence revient donc 21 ans après le premier opus avec cette quatrième itération. Sortie initialement sur PS4, Xbox One et PC, voici le test de la version Nintendo Switch sorti en ce mois de décembre 2018. Même si le jeu ne possède pas l’aura d’un Forza, il reste tout de même attendu par de nombreuses personnes qui jusqu’à ce jour restaient dans l’attente d’une simulation de rallye sur Nintendo Switch. La question est donc de savoir si oui ou non ce V-Rally 4 possède sous son capot les arguments nécessaires pour satisfaire cette attente.

Lors du premier lancement et après une courte scène d’introduction, le joueur se retrouve face à 3 modes de jeu : V-Rally, Partie Rapide et Multijoueur. Le mode V-Rally est ce que l’on nomme communément un mode carrière et représente le gros morceau du titre. Dans celui-ci, le joueur incarne un pilote avide de faire ses preuves et souhaitant gravir la plus haute marche du podium. Après un rapide tutoriel en compagnie de votre agent et quelques tours de piste, le joueur peut véritablement démarrer son ascension. C’est alors que s’ouvre une carte du monde où sont dispatchées les différentes épreuves, les concessionnaires et de quoi gérer sa carrière. Là où le premier opus était principalement orienté sur le rallye, V-Rally 4 propose de prendre part à non moins de 5 disciplines distinctes : Rallye, Buggy, Rallycross, HillClimb et Extreme-Khana. Le cheminement global est relativement simple : le joueur doit enchaîner les épreuves pour en débloquer d’autres à la difficulté plus élevée et enfin accéder aux divers championnats. La recette est éminemment éprouvée mais propose en plus une petite partie « gestion ». Il est ainsi possible et vivement conseillé de recruter des ingénieurs et des mécaniciens qui en temps voulu seront en capacité de proposer des améliorations pour votre véhicule et de le réparer entre les étapes d’un championnat. Même si durant la première heure, cette partie gestion peut paraître omniprésente, celle-ci ne se révèle en aucun cas contraignante et s’intègre très bien au jeu.


Comme tout mode carrière qui se respecte celui-ci tourne autour d’un élément fondamental : l’argent, car oui, rien n’est gratuit et le joueur n’aura cesse de batailler pour gagner les quelques pièces indispensables à sa progression. Les gains récoltés après chaque victoire permettent d’acheter de nouvelles voitures mais également de payer les frais d’entrée à certaines compétitions plus prestigieuses et plus rémunératrices. Autres sources de dépenses, l’amélioration et la customisation des bolides et comme tout bon patron, une partie de vos recettes servira également à verser un salaire à votre équipe chaque semaine. Histoire d’amasser les deniers plus rapidement, le pilote pourra signer des contrats en partenariat avec les constructeurs et sponsors sous réserve d’atteindre les objectifs fixés, de même, en augmentant la difficulté du jeu, les récompenses de fin de course seront revues à la hausse. Même si en finalité ce mode de jeu ne fait pas ou peu dans l’originalité, il offre au joueur de quoi enchaîner les kilomètres à la pelle et contribue à une durée de vie honorable pour le genre. Brièvement, le mode Partie Rapide donne accès dès le début du jeu à l’ensemble du contenu et permet de se familiariser aisément avec le titre : tout ou presque y est paramétrable que ce soit les tracés, la difficulté ou encore les conditions climatiques (prédéfinies). Le mode multijoueur se base exactement sur ce même principe tout en donnant la possibilité à 2 joueurs de s’affronter en local via un écran splitté verticalement. La possibilité de pouvoir s’affronter ainsi est bien plaisante d’autant plus qu’elle ne souffre pas de défaut particulier : voilà donc un bon point !

Au travers de ses différentes disciplines, V-Rally 4 invite le joueur à parcourir divers environnements plus ou moins variés : à vous les joies des spéciales enneigées de Sibérie, les routes poussiéreuses du Kenya ou les virages à angles droits sur tarmac du Japon. Les épreuves les plus « spectaculaires » se déroulent pour leur part dans des lieux atypiques tel un aéroport ou une usine désaffectée. Le jeu propose donc de quoi voyager et se montre généreux avec pêle-mêle, la Bolivie, la Malaisie, la Roumanie, la Chine ou encore les USA. Quant au nombre de bolides disponibles, même s’il n’y a rien d’exubérant, il offre largement de quoi varier les plaisirs en mélangeant gloires du passé et modèles récents.


Venons-en à présent à la partie gameplay, sensations manettes en mains. Ceux et celles qui s’attendent à retrouver la maniabilité très arcade des premiers opus risquent d’être légèrement déçus. Même si V-Rally 4 est très loin d’une véritable simulation, il serait erroné d’indiquer que le titre jouit d’un gameplay 100 % arcade. En la matière, la maniabilité souffle le chaud et le froid, certaines disciplines sont clairement orientées arcade (Buggy, HillClimb et Extreme-Khana) alors que le reste semble être un mélange des genres. Pour exemple, dans la discipline reine (Rallye), il est totalement vain de s’imaginer taquiner le chrono en appuyant continuellement sur l’accélérateur et braquer à fond. Au contraire, chaque courbe doit être appréhendée avec le plus grand soin au risque de se retrouver le cas échéant hors de la piste et cela même avec les aides activées.

En soi, lorgner du côté de la simulation n’est pas un mal mais pour cela, il est préférable d’avoir un moteur physique sans reproche et force est de constater que ce n’est pas véritablement le cas ici. Pour exemple, la gestion des collisions est loin d’être optimale, un passage appuyé sur le moindre caillou en bord de piste engendre irrémédiablement une perte de contrôle ou un vol plané tout à fait irréaliste mettant un terme à tout espoir de victoire. De même, s’il existe bien des différences manette en mains entre les revêtements (tarmac, gravier, etc) celles-ci ne se montrent pas forcément convaincantes à tel point qu’il est aussi aisé de conduire sur gravier que sur neige… Au final, en Rallye et Rallycross, le joueur doit faire avec une maniabilité non pas désagréable mais parfois difficile à appréhender rendant le titre moins accessible et légèrement moins fun à jouer. Cela est d’autant plus « regrettable » que dans les autres disciplines, la prise en main est bien plus aisée et immédiate : on en viendrait presque à se demander pourquoi les développeurs n’ont pas suivi cette voie jusqu’au bout en l’appliquant à toutes les disciplines au risque de faire complètement l’impasse sur le côté « simulation ». Pour autant, ne venez pas croire que la maniabilité soit déplaisante, bien au contraire car avec un peu d’entraînement, de connaissance des pistes et bien évidemment des voitures et de leurs réglages, l’ensemble se révèle tout à fait satisfaisant et procure de belles sensations de conduite.

Concernant les tracés, la grande majorité est très bien réalisée, mélangeant habillement sections rapides et lentes, agrémentées de nombreux pièges pas toujours évidents à débusquer lors d’un premier passage. Les indications du copilote se font sans heurts et cerise sur le gâteau, il est même possible d’en régler les paramètres (annoncer plus ou moins en avance ou en retard). Côté options d’agréments, le jeu se montre avenant avec la possibilité de modifier le HUD, la configuration des boutons mais aussi les différentes vues disponibles. Au passage, que ce soit la vue externe, capot, interne ou au sol, toutes se révèlent jouables sans difficulté particulière. Autre point satisfaisant, la portabilité du jeu est aisée même si vous vous en doutez la maniabilité au Joy-Con demande un temps d’adaptation. Assurément, il est bien plus agréable de jouer avec une manette pro devant sa télévision mais le mode portable s’en sort étonnamment bien même si cela ne représente pas l’expérience optimale.


Concernant la partie graphisme du titre, même si dans son ensemble le jeu est agréable à l’œil, certains aspects ont de quoi surprendre. Les textures, la gestion des ombres, les éléments du décor sont désuets comparativement aux productions actuelles du même genre. Cette version Nintendo Switch donne le plus souvent l’impression de faire face à un titre de l’ère PS3 et c’est d’autant plus frappant lorsque l’œil se porte sur la végétation réduite à sa plus simple expression. Pour ce qui est de la modélisation des bolides, là non plus rien d’extraordinaire mais rien de véritablement rédhibitoire non plus hormis le manque d’antialiasing. Pour autant, V-Rally 4 n’est pas un jeu déplaisant esthétiquement, au contraire malgré ses tares, il vous arrivera d’être agréablement surpris par certains panoramas, sa colorimétrie parfois un brin flatteuse ou encore ses quelques effets de lumière bien placés. Agrémenté de cycles jour/nuit, de conditions météorologiques diverses (pluie, neige, brouillard), le titre peut être visuellement plaisant. Alors certes, il ne fera pas date sur ce point mais ne démérite pas pour autant. D’un point de vue technique, V-Rally 4 s’en sort plutôt bien à l’exception de quelques chutes de framerate présentes lors des épreuves avec l’I.A. sans grandes incidences car souvent cantonnées au début de course.

Ouvrons d’ailleurs une parenthèse sur cette I.A. qui brille surtout par… son absence. Couplée à une gestion des collisions approximatives celle-ci ne présente aucun intérêt, ne laissant comme seul choix au joueur de l’éviter à tout prix. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’elle ne fait absolument pas dans le détail et n’hésitera pas à vous rentrer dedans en toute impunité. Quand bien même le joueur arrive à prendre le large, il n’est pas rare de voir débouler un concurrent lors du dernier tour à une vitesse pour le moins suspecte… Comme un malheur n’arrive que trop rarement seul, venons-en à un point délicat du jeu : sa difficulté ! Même si les premières épreuves se déroulent sans accroc, l’arrivée d’un championnat change radicalement la donne, la difficulté monte alors de plusieurs crans au point de donner l’envie d’abandonner devant les chronos imposés. Même lors d’épreuves plus modestes, il arrive que la difficulté soit en dents de scie d’une course à l’autre. Autant vous pouvez « galérer » sur une première spéciale, autant vous pouvez finir la seconde avec 30 secondes d’avance sur vos opposants tout en faisant des fautes : incompréhensible, rageant et forcement injuste. Bien évidemment, cette difficulté ne reste pas insurmontable d’autant plus qu’il est possible de la modifier avant chaque course mais assurément celle-ci aurait besoin d’une bonne optimisation.


Pour finir, un point rapide sur la partie jeu en ligne. Implémentées directement dans le mode principal, les fonctionnalités en ligne permettent aux joueurs de s’affronter dans n’importe quelles disciplines par chronos interposés et par la même occasion d’empocher quelques primes selon les résultats obtenus. Un peu triste tout de même de ne pas avoir accès à de véritables courses en ligne…

Ni véritablement arcade, ni simulation, à la fois frustrant et plaisant, V-Rally 4 est au final un jeu qui « fait le job » ni plus, ni moins. Si on ose le comparer au dernier Forza sur les mêmes plateformes, le match tourne court en faveur du poulain de Microsoft que ce soit en matière d’esthétisme ou de gameplay. Ramené à la Nintendo Switch et son hardware bien plus limité, V-Rally 4 s’en sort correctement avec l’avantage d’être tout à fait jouable en mode portable. En toute logique, le titre est à réserver aux joueurs ayant pour seule et unique console la Nintendo Switch d’autant plus que pour le moment, la concurrence ne se bouscule pas sur ce terrain spécifique des jeux off-road. Pour les autres, détenteurs d’une PS4, Xbox One ou PC, il reste cependant difficile à conseiller.

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • La variété des épreuves et des environnements
  • La durée de vie honnête
  • Le tracé des spéciales et circuits
  • Le mode multijoueur en local
  • Les sensations de conduite au global

Ce qu’on a moins aimé :
  • La difficulté mal dosée
  • Les quelques chutes de framerate
  • L’I.A. absente ou presque
  • La gestion des collisions


Prix : 49,99 €
Genre : Course, Simulation, Arcade
Taille eShop : 12,24 Go
Développeur / Éditeur : Kylotonn / BigBen Interactive

Test réalisé depuis une version gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel.

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