mercredi 27 février 2019

[TEST] Degrees Of Separation sur Nintendo Switch

Lorsqu’un éditeur décide de sortir son jeu à une date spécifique, il y a fort à parier que le choix de celle-ci ne soit pas le fruit du hasard. Alors quand Modus Games assure la présence de son petit protégé le jour de la Saint-Valentin, que celui-ci propose d’incarner seul ou en coopération un couple que tout sépare, on peut bien évidemment penser que la manœuvre est loin d’être anodine.


Développé par Moondrop, Degrees Of Separation se présente sous les traits d’un jeu mélangeant plateformes et réflexion dans un univers en 2D teinté de féerie. L’histoire met en scène deux personnages issus de royaumes distincts, l’un synonyme de chaleur et l’autre de froid tombant amoureux l’un de l’autre lors d’une première rencontre. Séparés par une force mystérieuse empêchant tout contact mais animés par la flamme de l’amour, Ember et Rime devront parcourir toute une contrée en quête de réponses pour trouver le moyen de s’unir.

Bien qu’à priori, on ne crie pas au génie à la lecture de ce scénario, il permet cependant l’implémentation de mécaniques de gameplay intéressantes. Rime peut par exemple geler les étendues d’eau pour s’y aventurer en surface tandis qu’Ember contrôle la chaleur pour élever les plateformes suspendues à des lanternes. Aux commandes des deux tourtereaux, le joueur devra donc s’efforcer de jongler habilement entre les différentes capacités pour espérer résoudre les nombreux casse-têtes qui jalonnent l’aventure. Une aventure qui d’ailleurs ne comporte nul ennemi, ni point de vie ou même Game Over car Degrees Of Separation est avant tout une expérience contemplative, un voyage féerique où seules les énigmes font barrage.


Constamment scindés en deux parties, les différents environnements parcourus offrent un visuel enchanteur du plus bel effet. Même si la technique n’est pas extraordinaire, on peut assurément être admiratif devant une direction artistique qui profite astucieusement de l’omniprésent contraste entre le chaud et le froid. Tantôt émerveillé par la flamboyance d’une nature baignant sous les rayons d’un soleil couchant, tantôt surpris par la dureté des paysages enneigés et silencieux, le joueur est littéralement invité à voyager. En ce sens, le titre est une véritable pépite qui ravit continuellement la rétine, d’ailleurs il n’est pas rare de déplacer les personnages de façon à admirer les paysages sous un angle différent pour le simple plaisir des yeux. Épaulé par une bande sonore en adéquation avec le visuel, Degrees Of Separation se déguste telle une histoire que l’on conte à un enfant. En effet, sachez que l’entièreté de l’aventure vous sera contée (en anglais avec un sous-titrage français) donnant ainsi l’impression de parcourir un livre interactif où chaque énigme fait office de page. Cependant, il faut bien avouer que cette narration n’apporte pas de plus-value significative dans le sens où celle-ci se contente majoritairement de commenter les actions et les environnements présents à l’écran. Même s’il est agréable de découvrir quelques détails sur les lieux et les personnages, on pourra sans conteste considérer les phases narratives comme étant de simples accompagnements. Dans les faits, le jeu propose même en guise d’agrément de passer outre et de laisser celui-ci s’exprimer dans ses plus simples apparats, à savoir son visuel et sa musique pour une expérience épurée.


Si l’esthétique et l’ambiance du jeu sont synonymes d’enchantement, il sera en revanche difficile d’argumenter en la faveur de l’animation des personnages. Même s’il s’agit à priori d’une volonté assumée des développeurs, on ne peut que rester dubitatif devant des étapes d’animations manquant cruellement de naturel. Là où l’on aurait pu s’attendre à une certaine fluidité dans la démarche des personnages, on se retrouve ici avec la désagréable sensation de tirer les ficelles de pantins. En résulte des situations prêtant à sourire notamment lorsque les personnages descendent ou montent une pente à vive allure. Autant vous annoncer que la nature comique de ces animations contraste radicalement avec l’ambiance générale du jeu rendant de ce fait l’expérience moins immersive.

Faisant office de point de départ mais également de hub, les personnages prendront rapidement place dans un château portant les stigmates d’un lourd passé où se dressent des portails. Portes d’accès aux différents niveaux du jeu, ces passages ne s’ouvriront qu’en la présence d’un nombre spécifique de foulards. Vous l’aurez compris, Amber et Rime devront récupérer un maximum de ces foulards qui sont autant de casse-têtes à résoudre pour déverrouiller des nouveaux portails et ainsi continuer leur quête.


Côté énigmes, on est ici en présence des valeurs sûres à base de mécanisme de type engrenages, plateformes mouvantes et leviers en tous genres. Histoire d’agrémenter le gameplay, chaque monde propose d’apprivoiser un nouveau pouvoir comme celui de créer un pont de lumière ou encore d’échanger les capacités des personnages. Notez cependant que ces pouvoirs ne sont pas cumulables et sont propres à chaque niveau, une fois de retour au château les tourtereaux retrouveront ainsi leurs compétences de base. Évidemment, on peut être un brin déçu par ce système, d’autant plus que les énigmes n’offrent que très peu de solutions alternatives. Comprenez par-là que les épreuves sont fortement dirigistes, qu’il existe majoritairement une seule et unique solution laissant par conséquence assez peu de place à l’inventivité. Bien que certaines énigmes fassent écho à d’autres, on peut cependant saluer la diversité de l’ensemble ainsi que la difficulté bien dosée. Même si certains passages demandent une pointe d’habilité et de logique, le joueur ne sera à aucun moment mis en échec. En effet, face à une épreuve apparemment insurmontable, celui-ci aura le loisir de continuer son chemin et d’y revenir en temps voulu.


Voilà pour l’heure un tableau convaincant mais c’est sans compter sur quelques griefs venant assombrir quelque peu l’expérience manette en mains. Tout d’abord, sachez que certaines situations demandent un positionnement des personnages au pixel près. Une exigence qui rend la résolution de quelques énigmes fastidieuse, donnant même l’envie de passer à la suivante alors que la solution est trouvée. Autant vous dire que si vous avez l’intention de jouer avec un petit cousin peu habile, la difficulté s’en retrouvera fortement augmentée. On peut ensuite émettre quelques réserves sur l’équilibre parfois douteux entre la partie solo et co-op du jeu car certaines énigmes ne semblent pas avoir été élaborées pour le joueur solitaire. Pour preuve, il est arrivé durant ce test de brancher une seconde manette juste pour avancer un des personnages dans le bon timing et ainsi éviter la crise de nerfs. Enfin, sachez qu’en solo le titre laisse la possibilité de changer de personnage à la volée et d’inviter le second sous contrôle de l’I.A. à nous suivre. Malheureusement, le joueur se heurtera à quelques approximations dans les déplacements du personnage secondaire impactant directement la difficulté, mettant ainsi en lumière la forte orientation coopérative du jeu.


Malgré tout et sans prétendre au titre d’indispensable, Degrees Of Separation est assurément une belle surprise. Non sans défaut mais disposant de sérieux atouts, il saura satisfaire les joueurs en quête d’évasion souhaitant passer un agréable moment. À travers son aventure d’une dizaine d’heures environ, le titre se présente comme étant une expérience à partager remplie de légèreté et de poésie. Cerise sur le gâteau, le jeu s’accommode très bien du mode portable de la Switch laissant ainsi le loisir de picorer quelques énigmes où bon vous semble. Pour ceux et celles qui souhaitent tenter l’aventure, notez que Degrees Of Separation donne son plein potentiel lors d’une partie en coopération et non en solo, à vous d’organiser vos séances de jeu en conséquence…

Certains l’auront peut-être remarqué, le descriptif du jeu présent sur l’eShop fait mention de fonctionnalités en ligne. Sauf qu’à cette heure, le titre ne propose aucune trace d’un mode de jeu online ou équivalent. Cependant, on remarque dans le menu principal un titre évocateur : « Jouer en local », ce qui présage souhaitons-le, l’arrivée prochaine de l’intitulé « Jouer en ligne »…

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • La beauté des environnements
  • Jouable en co-op
  • La qualité et la diversité des énigmes
  • L’ambiance féerique

Ce qu’on a moins aimé :
  • L’animation des personnages
  • L’exigence de certains passages parfois frustrante
  • L’expérience solo entachée par l’I.A.


Prix : 19,99 €
Genre : Plateformes, réflexion
Taille eShop : 507,51 MB
Date de sortie européenne : 14/02/2019
Développeur / Éditeur : Moondrop / Modus Games

Test réalisé depuis une version presse gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire