mardi 5 mars 2019

[TEST] Bad Dream: Coma sur Nintendo Switch

Confortablement installé dans votre lit, blotti sous la couette, vous vous apprêtez à dormir. Vous jetez un dernier coup d’œil dans votre chambre, tout semble en place. La porte est close, à votre droite quelques livres sont posés sur la commode. Vous apercevez un peu de linges dépassant de votre armoire et face à vous, une triste plante est disposée à la fenêtre. À l’extérieur, il fait nuit noire, pas une lumière à l’horizon, silence pesant, vos paupières sont lourdes, vous vous endormez enfin : « Sweet dreams ».


Voilà comment débute l’aventure de Bad Dream: Coma, un point & click développé par Desert Fox issu de la longue série des Bad Dream. Sortie initialement sur PC en mars 2017, cette expérience horrifique est à présent disponible sur la petite hybride de Nintendo. Comme l’indique le titre du jeu, le périple se déroule en plein rêve, mais pas n’importe lequel. Un rêve peuplé de personnages étranges qui partagent avec vous une malédiction, celle d’un cauchemar collectif dont il est impossible de s’extirper. Vous voilà donc prisonnier de votre esprit, un lieu où même la mort n’a pas de droit. Ici, absolument tout est faux sauf deux choses : la douleur et la peine. Restez sous votre couette et bienvenue dans ce véritable cauchemar…

D’apparence classique dans ces mécaniques de gameplay, Bad Dream: Coma propose cependant un argument de poids non dénué d’intérêt. En effet, la grande majorité de vos faits et gestes auront un impact plus ou moins significatif sur le scénario. Tributaire d’un système de notation à trois niveaux (bon, neutre et mauvais), vos actions seront soumises à une évaluation continue déterminant la suite des évènements. Ainsi, d’un joueur ou d’une partie à l’autre, il sera tout à fait possible de faire l’expérience d’une aventure bien différente dans laquelle certaines énigmes ou pans de l’histoire n’auront rien de commun. Tuer un malheureux volatil en début de partie et vous vous retrouverez privé du bon scénario, dépecer une poupée de porcelaine pour en récupérer un item et il en sera de même. Durant cette aventure, le joueur sera donc confronté à de nombreux choix, plus ou moins moraux, qu’il ne faudra pas prendre à la légère sous peine de sanction immédiate.


Autant vous l’annoncer, obtenir le bon scénario lors d’un premier essai relève presque de l’exploit. Pour cause, les mauvais choix sont ceux qui paraissent les plus logiques, les plus simples et bien souvent les plus loufoques. Par exemple, réaliser une transplantation sur un patient en piochant les organes nécessaires directement sur le voisin de palier est chose relativement aisée mais pas forcément morale. Malgré une certaine difficulté à garder le meilleur scénario, il n’est absolument pas frustrant de se contenter des pires évènements et cela ne fait pas de vous un mauvais joueur. De plus, grâce à son principe « d’action et réaction » et la multiplicité des situations disponibles, le titre s’offre un haut potentiel de rejouabilité. Résultat, c’est un véritable plaisir de parcourir à nouveau le jeu et d’en découvrir les très nombreuses subtilités.

Côté énigmes, elles se montrent classiques dans le sens où il est question d’utiliser le bon objet, au bon endroit, au bon moment avec un équilibre entre essai et réussite plutôt juste. En s’appuyant sur un univers fantaisiste où tout est illusion et en se détournant des normes établies dans le monde réel, certaines énigmes s’approchent du véritable coup d’éclat. Comme donner des exemples serait équivalent à vous gâcher l’effet de surprise, sachez tout simplement que rien n’est impossible, que la frontière entre le rêve et la réalité n’existe pas et qu’un simple coloriage enfantin est toujours en mesure de rendre heureux n’importe quel ours en peluche, même si celui-ci a subi les pires sévices…


Singulière, loufoque, minimaliste, voilà quelques mots pouvant définir l’esthétique du jeu. Comme vous pouvez le voir à travers les différentes captures d’écran, Bad Dream: Coma propose un coup de crayon assumé. Monochromie sur fond sépia parfois teintée de couleurs évocatrices, la direction artistique confère un cachet bien particulier et sied admirablement à l’ambiance du jeu. Une ambiance un brin angoissante, par moments terrifiantes, épaulée par une bande sonore discrète qui fait globalement son travail. Loin de répondre à l’appel des « jumps scare » à outrance, nous sommes ici en présence d’une atmosphère posée mais pesante, teintée d’humour noire où l’horreur est majoritairement le fruit de vos actions.

À travers les huit chapitres qui composent l’aventure, le joueur aura le loisir d’arpenter différents environnements en quête d’indices. Que ce soit dans un hôpital désuet, une forêt aux obscurs marais ou encore un cimetière bien trop animé, tous ces lieux seront autant d’occasions de rencontrer de nombreux personnages. Tantôt humains, tantôt esprits ou autres étrangetés, ceux-ci jalonneront votre périple. Apportant parfois une once d’explication sur le monde qui vous entoure, ils seront bien souvent prétextes à quelques énigmes et de ce fait, feront également avancer l’histoire. À son sujet, bien qu’attrayante dans sa globalité, celle-ci souffre néanmoins d’un développement que l’on peut qualifier de limité. En effet, il s’avère que les quelques lignes de textes se montrent insuffisantes pour répondre aux questions légitimes qu’un joueur peut se poser. Résultat, même après avoir fini plusieurs fois le jeu, trop de zones d’ombre demeurent. On peut également regretter que la majorité des protagonistes soit si peu exploitée malgré la récurrence de certains. Pour sûr, l’histoire laisse un arrière-gout de « peut mieux faire » alors qu’apporter un peu plus de clarté sur certains points et donner plus de consistance à quelques personnages auraient vraisemblablement contribué à sublimer l’ensemble.


Concernant les fâcheux sujets, il en est un qui paraît inexplicable. Alors que la version PC du jeu embarque une traduction française, cette version Switch voit cet agrément tout simplement disparaître. Alors certes, il n’y a pas énormément de dialogue et l’anglais utilisé est très accessible mais il est tout de même malheureux que les joueurs Switch soient privés de traduction. De même, toujours en défaveur de cette version, un seul et unique slot de sauvegarde est présent alors que plusieurs sont à disposition sur PC. Seule contrepartie à tout cela, un support des fonctions tactiles de l’écran qui pour le coup, offre une réelle plus-value. Là où le déplacement du curseur à la manette montre ses limites, les fonctions tactiles apportent ici un confort d’utilisation bien appréciable rendant l’expérience en mode portable très satisfaisante.


Durant les cinq heures nécessaires pour apercevoir l’une des fins, le jeu de Desert Fox sera assurément satisfaire les amoureux du genre. Pourtant, le premier essai ne sera pas forcément le plus attrayant. En effet, sa véritable force réside dans sa capacité à nous faire découvrir ses différentes facettes selon les actions effectuées. À ce titre, ce sera lors d’une nouvelle partie qu’il révèlera son plein potentiel. Évidemment, l’esthétique pourra déplaire et on regrettera cette différence de traitement entre les supports. Pour peu que vous aimiez les point & click, Bad Dream: Coma peut être considéré comme étant une valeur sûre. À la fois original, captivant et gentiment terrifiant, il est la promesse d’une bonne expérience qu’il serait dommage de laisser passer.

Test de The Dark Bear

Ce qu’on a aimé :
  • L’esthétique originale
  • Les relations de cause à effet efficaces
  • Le potentiel de rejouabilité élevé
  • Le support des fonctions tactiles
  • L’histoire attrayante…

Ce qu’on a moins aimé :
  • … mais trop peu développée
  • Les énigmes menant au bon scénario peu évidentes
  • Pas de support de la langue française contrairement à la version PC


Prix : 9,99 €
Genre : Aventure, point & click
Taille eShop : 377,49 MB
Date de sortie européenne : 24/01/2019
Développeur / Éditeur : Desert Fox / Forever Entertainment

Test réalisé depuis une version dématérialisée gracieusement fournie par l’éditeur. Les images publiées dans ce test sont issues de nos propres sessions de jeu et la note attribuée reflète notre propre avis personnel.

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